Sur la centaine de milliards d’euros qui fructifient dans le cadre de l’épargne salariale, 60 milliards sont dirigés vers des Fonds communs de placement d’entreprise – l’équivalent de Sicav –, proposés dans des plans d’épargne-entreprise (PEE) et des plans d’épargne-retraite collective (Perco).
La part belle aux actions
Au sein de ces plans, les salariés épargnants ont le choix entre trois fonds au minimum, parfois plus. Mais, selon les professionnels du secteur, une trop grande partie de cette épargne serait investie dans ces placements monétaires.
Certes, investir dans ce type de produit se conçoit si l’on souhaite pouvoir retirer son argent à tout moment – mais cela n’a guère de sens pour les personnes qui investissent à moyen ou long terme.
Or tel est justement l’objectif de l’épargne salariale : les sommes versées dans un PEE sont bloquées pour au moins cinq ans et celles dirigées vers le Perco restent indisponibles jusqu’à l’âge de la retraite. Les salariés devraient donc faire la part belle aux supports plus dynamiques, notamment à ceux investis en actions. « Les salariés ont laissé passer deux belles années boursières », regrette Mme Pennera. Et, sur cinq ou dix ans, ils sont majoritairement passés à côté des performances des fonds en actions.
Comment expliquer ces contresens de gestion ? « Le problème vient d’abord des entreprises et des partenaires sociaux qui prévoient que, à défaut de choix d’un fonds par le salarié, ses primes sont automatiquement investies dans le fonds monétaire, car c’est le support sans risque », explique Olivier de Fontenay, fondateur de Debory ERES. Beaucoup de salariés se contentent donc de cette option par défaut, alors que ce n’est pas forcément la bonne solution.
Les risques des fonds « sans risques »
« Les informations fournies aux salariés sont souvent complexes et ne leur permettent pas de choisir en connaissance de cause une gestion adaptée à leur profil et à leurs objectifs », regrette Mme Pennera, qui note tout de même que les particuliers ne se rendent pas assez sur les sites Internet des gestionnaires.
Ils privilégient donc les fonds présentés comme sans risque, ce qui peut les induire en erreur. Prenons le cas des fonds d’obligations : ils sont présentés comme des produits de bon père de famille. Sauf qu’ils sont très sensibles à tout mouvement de taux d’intérêt et susceptibles de perdre une part significative de leur valeur quand ces taux remontent. Un risque à prendre très au sérieux aujourd’hui.
Du côté des sociétés de gestion, on cherche donc à proposer de nouveaux supports qui font prendre des risques très mesurés aux particuliers, tout en promettant un rendement supérieur.
Certains ont ainsi lancé des fonds à capital protégé dans lesquels le salarié a la certitude de recevoir au moins 90 % des sommes qu’il a versées (ou du plus haut niveau atteint par le fonds), avec un potentiel de gain supérieur au monétaire lorsque les marchés sont bien orientés.
La tendance est aussi aux fonds flexibles, dans lesquels la gestion entre différentes classes d’actifs est déléguée à un gérant en fonction de ses anticipations d’évolution des marchés. « Ils ont un objectif de rendement régulier adapté à la durée d’investissement de l’épargne salariale et peuvent donc apporter une solution bien adaptée aux salariés qui ne souhaite pas gérer eux-mêmes », plaide Xavier Collot, directeur adjoint de l’épargne salariale et de la retraite chez Amundi.